L’AACC et le collectif Les Lionnes dévoilent les résultats de la 2ème consultation du baromètre du harcèlement sexiste, sexuel et moral dans l’industrie publicitaire.
Deux ans après la première édition du baromètre, le climat en agence s'est amélioré. La tendance est positive sur la majorité des indicateurs de cette consultation. 58% des personnes ayant répondu au questionnaire et travaillant toujours dans le secteur, jugent que le climat y est serein (+5 pts).
Une amélioration de l’égalité femmes-hommes dans l’industrie publicitaire en 2 ans
D’après le baromètre, la prise de conscience sur l’égalité femmes-hommes en agence a progressé depuis 2021.
83% des répondants estiment que le sujet de l’égalité et de la parité entre les hommes et les femmes est désormais traité de manière importante ou prioritaire au sein de leur agence (+9 pts).
En matière de rémunération, des évolutions positives importantes sont notées. Les répondants sont aujourd’hui sensiblement plus nombreux qu’en 2021 à considérer que les femmes et les hommes sont rémunérés de façon égale au sein de leur agence : 39%, +7 points. Ils sont également de moins en moins nombreux à considérer que les hommes sont favorisés par rapport aux femmes pour l’accès aux postes à responsabilité (29%, -7 pts) et l’évolution de carrière (27%, -5 pts).
Cependant, de manière générale, les femmes sont plus réservées sur les avancées depuis deux ans. En effet, le sentiment que l’égalité de rémunération n’est pas appliquée concerne avant tout les femmes qui sont 26% à partager ce constat contre 12% des hommes.
Les attitudes et les comportements évoluent face au harcèlement
Le nombre de victimes de harcèlement connait globalement un léger recul de 5 points par rapport à 2021. Le harcèlement sexuel d’ambiance, lié à un environnement professionnel intimidant, hostile et humiliant en raison de comportements et propos à connotation sexuelle diminue assez nettement (18%, -6 pts). En revanche, les formes de harcèlement plus directes et ciblées restent relativement stables : 36% des répondants déclarent avoir déjà été victime de harcèlement moral (-2 pts), un chiffre qui monte à 40% auprès des femmes (-2 pts) contre 30% chez les hommes (stable).
Depuis 2021, les attitudes et les comportements ont évolué face au harcèlement en agence.
La tolérance à l’égard des faits recule, les témoins et victimes osent davantage en parler. 28% des témoins et 30 % des victimes déclarent avoir signalé les faits de harcèlement (en hausse respectivement de +6 et +8 pts). Les répondants soulignent également les efforts en matière de prévention : 54% des répondants déclarent que leur agence a mis en place un plan de lutte contre le harcèlement (+12 pt) et 65%, qu’elle les a informés/sensibilisés aux risques de harcèlement (+8 pts).
1 répondant sur 2 n’a pas dénoncé des agissements subis. En effet, la peur est plus que jamais le premier frein au signalement des faits pour 78% des répondants. 54% craignent d’être pénalisés dans leur travail (+2 pts), 44% de ne pas être pris au sérieux (+5 pts) ou d’être à nouveau harcelé (20%, +2 pts).
Des fortes attentes des collaborateurs vis-à-vis des agences
Les répondants expriment des attentes fortes de leur agence en matière de protection des employés qui dénoncent des faits de harcèlement (54%), et souhaitent une mise à pied systématique des employés mis en cause (45%) ainsi que la mise en place d’outils de signalement et de surveillance (39%).
La formation des managers est primordiale dans la lutte contre le harcèlement en agence.
82% (+13 points) des répondants savent que les managers ont été formés pour prévenir et agir en cas de harcèlement au sein de leur agence. Mais l’étude relève un manque de visibilité des actions mises en place par les agences à la suite de signalements. 70% des répondants n’ont vu aucune action à la suite des signalements et pour 34%, aucune mesure n’a été mise en place après la dénonciation d’agissements, enfin, 36% ne savent pas si cela a été suivi d’une action.
Il ressort également que les jeunes sont en attente de solutions concrètes de la part des agences. 53% des 18-24 ans ont eu, dans leur agence, un temps de sensibilisation aux risques de harcèlement vs 70% des 50 ans et plus.
Cette consultation a été menée par OpinionWay auprès de plus de 1 150 répondants travaillant dans la communication ou y ayant travaillé au cours des trois dernières années.
« Depuis 2021, la prise de conscience sur les faits de harcèlement dans les agences de communication s’est renforcée. Les agences sont aujourd’hui mieux structurées pour répondre aux attentes des collaborateurs. L’amélioration du climat en agence qui ressort du baromètre invite à poursuivre les efforts en matière de prévention et de suivi des faits de harcèlements. » indique David Leclabart, co-président de l’AACC. « Le baromètre doit être utilisé comme un outil pour permettre aux agences d’engager un dialogue constructif avec leurs clients sur la thématique du harcèlement moral. En effet, cet enjeu ne s’arrête pas aux portes des agences de communication. C’est tout notre écosystème, y compris les annonceurs, qui doit participer à la discussion sur l’amélioration des conditions de travail des collaborateurs. » poursuit Bertille Toledano, co-présidente de l’AACC.
« Si l’on constate des progrès dans le « dire », il reste encore beaucoup de chemin à parcourir dans le « faire ». Depuis la dernière mesure, les agences de communication se sont emparées du sujet, le harcèlement n’est plus tabou, mais il ne faut pas s’arrêter là. Encore trop de violences ne sont pas signalées et quand elles le sont, la perception est qu’elles ne font l’objet d’aucune mesure concrète. C’est en s’emparant plus et mieux des outils existants et des sanctions applicables qu’on arrivera à éradiquer la peur dans nos agences pour rendre notre industrie exemplaire » précise Julie Régis, Présidente de l’association Les Lionnes.
Pour l’AACC comme pour Les Lionnes il s’agit toujours « d’agir sur les trois piliers essentiels de lutte contre les harcèlements : l’information et la sensibilisation de tous les salariés, la formation des managers et la promotion de l’égalité femmes-hommes avec plus de femmes aux postes de
direction ».
Méthodologie
Les résultats présentés ci-dessus sont issus d’une consultation, et non d’un sondage. Une consultation n’est pas représentative de l’ensemble de la population considérée, ainsi la part de femmes ayant répondu à la consultation (70 % contre 30 % d’hommes) n’a que peu évolué par rapport à la première vague de la consultation (-1 pt).
Elle demeure en revanche toujours légèrement supérieure à la proportion observée en agences de communications (58% de femmes dans les agences membres de l’AACC contre 42% d’hommes).
La consultation a été menée en ligne du 3 mars au 24 avril 2023 auprès de personnes travaillant actuellement en agence de publicité ou de communication ou ayant quitté leur agence au cours de ces trois dernières années. 1 158 personnes ont répondu à cette consultation.